Le 'network state' d'Elon Musk et le démantèlement de l'État américain
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Hola.
Bienvenue à cette nouvelle édition d’(in)sécurité, mon infolettre sur ce que j’appelle le théâtre des risques technologiques et, surtout, bienvenue à tous les nouveaux abonnées qui ont afflués ici après mon apparition au balado des Décrypteurs. L’épisode est en ligne:
Pour ceux et celles qui ne me connaissent pas: je suis un vétéran de l’industrie de la cybersécurité et des T.I. au Québec, dans laquelle j’oeuvre depuis maintenant 23 ans. Mon expertise est à l’intersection de la cybersécurité défensive, le renseignement de menace et de la gestion des risques technoloqiques. Je publie cette infolettre couvrant les plus récents développements dans le milieu de la sécurité de l’information, de la vie privée (ce qui en reste) et de la surveillance de masse de manière hebdomadaire… du moins, j’essaie. Je suis régulièrement invité dans les médias, qui semblent apprécier mon franc-parlé couplé de mes analyses percutantes (du moins, c’est ce que je me dis en pleurant seul dans le noir). Surtout, je ne me prends pas trop au sérieux. “La vie est une blague, alors rions.”
Au menu, cette semaine: le concept de ‘network state’ en action aux USA, l’OTAN sur le sentier de la guerre, une désastabilisation chez les partenaires des Five Eyes et une fuite de données médicales à Montréal.
Have phun.
⚡ L’accélérationnisme de Musk
L’équipe d’Elon Musk semble opérer un démantèlement en bonne et due forme de l’appareil étatique américain. Après sa prise de contrôle des accès informatiques via l’Office of Personnel Management, c’est au Trésor américain d’y passer. Plusieurs cadres supérieurs au FBI seraient poussés vers la porte dans ce qui s’apparente à une purge tandis que le USAID, le fond d’aide international, serait en processus d’être complètement rayé de la carte. Pas pire pour un gars qui n’a pas été élu et jamais confirmé par le Congrès.
Le journaliste Brian Krebs a un bon résumé de tous les chamboulements qui affectent et affecteront la cybersécurité étatique américaine pour les années à venir. Entre les shitcoins, les moves revanchards et les licenciements, c’est intense, disons. La Chine doit être crampée ben raide à l’heure actuelle.
Musk - qui est de plus en plus paranoïaque (ou inquiet avec raison?) - semble vouloir faire basculer le Trésor américain sur une blockchain quelconque. En temps normal, je trouverais l’idée intéressante mais tout est fait de manière tellement chaotique que c’est difficile à rationaliser.
Ces actions sont ce que Balaji Srinivasan (l’ancien CTO de Coinbase) appelle un ‘network state’, soit une hyper-militarisation de la technologie pour revoir le concept même d’état-nation et renverser les anciennes institutions. Ce qui se passe aux États-Unis est la première mise en application de ce concept, ce qu’on entend grossièrement quand on parle de ‘broligarchie’:
Everything Elon Musk and his tech cronies are doing to our government is what Balaji Srinivasan spelled out in his network state cult manifestos – a tech CEO takeover of government, the purging of institutions, the rise of crypto corruption as a dominant economic force, the quest for new territory. But nobody wants to talk about it.
Si vous voulez essayer de comprendre le processus de pensée derrière les actions radicales du régime en place aux USA, il est essentiel de lire sur le concept d’accélérationnisme de Nick Land et Curtis Yarvin. Ce dernier est un informaticien américain qui a grandement influencé la pensée du vice-président JD Vance, notamment.
Si j’avais un conseil à donner sur les chamboulements en cours, ça serait de vous atteler et d’apprendre à vivre dans l’incertitude. Améliorez vos capacités à naviguer dans des changements d’envergures et apprenez à vous épanouir dans le chaos car les prochaines années (décennies?) seront tout sauf stables.
🇪🇺 Les futures guerres européennes
Et pendant ce temps, en Europe, l’OTAN se prépare à la guerre:
Earlier, Hamburg’s State Command leader, Captain Kurt Leonards, warned that while half of Russia’s military production is used in Ukraine, the rest is being stockpiled for a potential attack on the Baltic states, Poland, or Moldova in the coming years.
J’ai déjà couvert le changement de ton de certains gouvernements européens en ce qui a trait au ‘preparedness’ et c’est maintenant au tour de l’OTAN d’allumer qu’ils ne pourront dépendre éternellement des américains pour la défense de l’Europe, particulièrement dans le contexte actuel.
👀 La fin des Five Eyes?
La nomination de Tulsi Gabbard à la tête du renseignement national américain est loin de faire l’unanimité, au sud de la frontière mais ici aussi. En effet, certains parlent même d’une remise en question des Fives Eyes - l’accord informel d’échange de renseignements entre les agences américaines, canadiennes, anglaises, australiennes et néo-zélandaises. Un extrait de l’article de la CBC la-dessus:
"I think, for Canada, one of the great concerns about Gabbard is that she would be seen as an unreliable partner, that her judgments could not be trusted … a great wall of suspicion would arise between Canada and the United States," he said. […]
Canada would find itself in the position of having to diversify its sources of foreign intelligence by seeking new partners, says Wark, much as it has had to do in trade.
"The candidates would include the Nordics, all of whom have pretty good intelligence services, greater intelligence sharing certainly with Germany and France. We would have to rely more on a long-established intelligence-sharing partnership with the U.K. In the Indo-Pacific, I think we would need to reach out to our ongoing partnership with Australia, and reach out to countries like Japan and South Korea for their insights into security threats in the region," he said.
Il est à noter que Ed Snowden a appuyé ouvertement la nomination de Gabbard, l’invitant même à le jeter sous l’autobus pour obtenir sa nomination.
💦 Fuite de données médicales à Montréal
Une clinique de Montréal envoie accidentellement les données personnelles de plus de 300 patients. Misère. Extrait:
La liste contenait des informations confidentielles telles que les noms, les prénoms, les numéros d'assurance maladie (RAMQ), les numéros de téléphone et les adresses des patients de la Clinique universitaire de médecine de famille - GMF de Verdun.
La bonne nouvelle la-dedans, c’est que selon le plus récent Data Breach Investigations Report de Verizon, les informations médicales sont peu en demande sur le marché noir.
✳️ En vrac
Accès à l’information: un dossier orphelin à Québec (Journal de Québec)
How can we protect our undersea cables from sabotage? (The Times)
Tracking the Insidious Creep of Spyware (SpyTalk)
Et question de bien commencer la semaine: le créateur de Doxbin a été doxxé.
Bonne semaine!